traquée Angela Davis Grolleau Pitz Glénat
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Mon résumé en un GIF

Vous voulez mon avis ?

La maison d’édition

Alors bon, on ne va pas se cacher, Glénat ce n’est pas une petite maison et pour dire vrai, je ne lisais plus beaucoup d’ouvrages chez eux, je les trouvais souvent convenus et puis Jacques Glénat avait détourné autant de taxes que le PIB des auteurs et autrices de son catalogue. Mais, en 2020, j’ai à nouveau été intriguée par une couverture et ce n’est qu’après coup que j’ai réalisé qu’ils en étaient les éditeurs.

La BD c’était Radium Girls de Cy, et c’était un gros coup de coeur tant par le sujet que par le traitement graphique, qui tous deux sortaient un peu de la ligne éditoriale habituelle de la maison qui fête ses 50 ans.

Comme je connais un peu comment cela fonctionne, j’ai cherché qui en était le directeur ou la directrice de collection. Après une enquête approfondie (recherche de 2 minutes sur internet), toutes les lumières se sont allumées. La personne derrière la collection Karma, n’est autre que Aurélien Ducoudray, scénariste prolifique, très déconcertant par la variété de ses sujets autant que par les illustrateurs auxquels il s’est associé (j’essaierai de vous en parler plus en détail à un moment).

Le scénariste: Fabien Grolleau

On me demande quelques fois comment je fais pour choisir mes lectures, et bien évidement il n’y a pas de vérité absolue. Cependant, on peut dégager quelques patterns:

  • Soit la couverture me saute aux yeux, et même si je n’ai jamais entendu parlé de cet ouvrage, je me fais confiance dans ma curiosité. Au pire des cas, je ne vais pas aimer ce que j’ai lu mais j’en retirerai toujours quelque chose.
  • Soit c’est la maison d’édition… Alors là, c’est plus une question de contrat moral entre elle et moi. Il y a, à ce jour, des maisons pour lesquelles je lis TOUTE la production, dans la mesure de mes disponibilités, parmi lesquelles Vide Cocagne, 6 Pieds sous Terre, Sarbacane, Cornélius, Atrabile, Cà et Là… Ces dernières ont défini à travers les années, une ligne éditoriale dans laquelle je me reconnais. Je ne dis pas que j’ai tout aimé, mais je n’ai jamais été fondamentalement déçue par leurs parutions, et elles m’ont fait découvrir un paquet d’auteur.trices, illustrateur.trices qui sont dans la catégorie suivante.
  • Oui, je stalke des auteurs, des illustratrices mais aussi des traducteurs… Rien de maladif là dedans – enfin je crois – juste que j’aime tout lire, tout découvrir d’un.e artiste. A la fois pour la curiosité de sa nouvelle proposition, voir ses prises de risques, l’évolution de sa pratique et il y a une part de moi qui pense que les « créatifs » en tout genre, sont les héros modernes qu’il faut aduler. (D’ailleurs je cherche à faire construire une statue en papier mâché de Derf Backderf… si vous êtes partant…).
  • Pour le reste, je fais confiance à mes libraires. Ils me connaissent, connaissent mes goûts, mes sujets de prédilection, et la plupart me mettent de côté les trucs les plus « décalés » qu’ils ont vu passer.

Dans ce cas précis, c’est le nom de Fabien Grolleau qui a été une évidence. Je trouve que cet artiste complet est un petit miracle. A la fois, scénariste, co-éditeur chez les chouchous de Vide Cocagne et dessinateur. Il a réussi, depuis près de 20 ans que je le suis, à m’émouvoir, me faire rire, m’instruire, m’ouvrir sur d’autres artistes… Il est central dans mon parcours de libraire (coucou la découverte de Terreur Graphique et de Abdel de Bruxelles) mais surtout dans mon parcours de lectrice et par ricochet, il est plus que probable que j’ai contaminé des lecteurs au moment où j’exerçais en librairie.

Et là vous vous dîtes que je ne suis plus objective… Probablement pas mais comme je suis aussi super exigeante si ce n’était pas une bonne pioche, je le dirais.

Le dessinateur : Nicolas Pitz

Alors là je dois bien avouer que j’avais des grosses lacunes sur son travail.

Le seul ouvrage que j’avais lu était Montana 1948 chez Sarbacane. Et déjà je m’était fait la reflexion que je trouvais étonnant qu’on ne connaisse pas plus cet individu (ou peut-être suis-je la seule à avoir cet écueil).

Son trait est à la fois super contemporain mais pour autant très inspiré des classiques du genre. A y regarder de plus près sur sa biographie, on constate qu’il est membre de l’atelier Mille à Saint-Gilles (Bruxelles) soit une des grosses teams de la nouvelle génération de Bédéistes.

J’aime particulièrement son traitement de la couleur, et c’est très sensible dans la bande dessinée qui nous intéresse.

Bon alors la BD ?

Traquée, la cavale d’Angela Davis raconte la cavale d’Angela Davis…

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’histoire de cette femme, véritablement c’est une pièce d’histoire moderne qui se joue.

A la fois Afro-Américaine, Femme, Militante au parti communiste américain, Angela Davis est une figure centrale des droits humains, autant aux US que partout dans le monde. Son parcours de vie est symptomatique de la période et ses prises de position avant-gardistes. Elle a réussi à devenir, à la fois, une des 10 personnes les plus recherchées par le FBI autant qu’une figure de proue qui a fédéré autour d’elle de nombreuses minorités et sensibiliser les autres à sa cause.

(c) 2017 – http://www.cccb.org/ca/activitats/fitxa/la-revolucio-avui/227336

Pour ce qui est de la bande-dessinée, c’est sans surprise un gros coup de coeur. Le sujet est respecté, le découpage nous emmène à la fois sur la piste de comment se construit une identité politique, comment la violence de cette période fait écho aux derniers mouvements des « Black Live Matters ».

C’est à la fois un roman social, un biopic, un thriller. Fabien Grolleau et Nicolas Pitz se complètent magistralement bien et nous offrent des cases à la fois violentes mais douces, où l’on comprend autant le contexte global que le focus sur cette femme.

A offrir à:

  • Votre tonton encore raciste et misogyne en 2021
  • Un certain Eric Z. (deux fois s’il est votre tonton de la ligne précédente)
  • N’importe qui qui s’intéresse à l’histoire américaine
  • Quelqu’un.e qui cherche un bon thriller
  • Votre pote qui fantasme sur les années 60-70
  • Vous qui aimez le cinéma, la pellicule un peu datée et ses couleurs orangées

Le son dans les oreilles qui va bien avec:

J’en ai parlé ici aussi